P.1 -  Elever des enfants avec Deen et Dunya

par HINA KHAN-MUKHTAR
1 janvier, 2023 par
P.1 - 
Elever des enfants avec Deen et Dunya
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L'auteur

HINA KHAN-MUKHTAR est une maman musulmane américaine auteur et co-fondateur de l’ILM Tree Homeschooling Co-Op a Lafayette, en Californie, USA.

Elle a publié pour la première fois en 2010 l'article ”Raising Children with Deen and Dunya” (élever des enfants avec deen et dunya) qui a fait vibrer  le web.

La rédaction de cet article lui a couté 12 années de recherche auprès des parents d'origines diverses dont elle estimait l’éducation réussie. 

Il s'agit donc d'une synthèse de leurs témoignages, conseils, et astuces en matière d’éducation.

Rempli d’anecdotes et d’exemples de vie réelle, cet article révèle des perles de la parentalité musulmane et offre des mises en situation claires et concises pour ceux et celles qui appréhendent fortement l’éducation de leur progéniture

​L'article est divisé en 12 parties: P1P2P3P4P5P6, P7P8P9P10P11 et P12 pour faciliter la lecture et mettre en évidence les 10 clés du succès dans la parentalité musulmane.


​​Je me rappelle comme si c’était hier de la première nuit passée seule à l’hôpital après avoir mis au monde mon fils aîné Shaan. Les invités de la journée s’étaient retiré, les lumières de couloir s’estompaient, les infirmières discutaient à l’extérieur de ma chambre à voix basse.

J’entendis alors un léger : « Toc toc! » d’une voix joyeuse venant de la porte. “Quelqu’un a très faim et veut sa maman!”

L’infirmière poussa le berceau de mon nouveau-né, âgé de seulement quelques heures à l’époque. Elle s’extasia devant lui pendant que je luttai pour m’assoir. Elle me le déposa ensuite dans mes bras qui l’attendaient, puis, s’empressa de sortir après m’avoir lancé quelques mots d’encouragement.

Je retirai la couverture de sa joue et souris à cette petite créature fragile qui me fut confiée pour la première fois. J’eus le sentiment d’être privilégiée, qu’on me faisait confiance mais aussi d’être dépassée par le poids de la responsabilité qui venait de me tomber dessus. Personne ne m’observait, il était tout à moi et je pouvais faire ce que je voulais.

Il était temps de prendre en main une chose dont personne ne s’était occupé jusque-là : les présentations.

Je chuchotai « Assalaamu alaikum » à cette masse chaude blottie contre ma poitrine, « je suis ta maman » Je caressai son visage puis posai ensuite la question rhétorique que chaque mère se pose depuis la nuit des temps:

"Comment vais-je t'élever ?"


C’est une question que je n’ai cessé de me poser depuis cette première nuit magique passée dans la salle de maternité.

J’ai sollicité des grands-parents, des parents, des fils et des filles. Mais aussi des Pakistanais, des Indiens, des Afghans, des Arabes, des Américains, des Asiatiques et des Africains. J’ai rassemblé des personnes à des soirées, envoyé des emails à des parents d’amis, j’ai appelé des tantes au téléphone et intercepté des oncles alors qu’ils s’apprêtaient à partir. En bref, toute famille dont la pratique de l’Islam m’avait impressionnée, chaque enfant dont le comportement m’avait abasourdi, chaque adolescent dont l’attitude envers ses proches m’avait fait réfléchir, chaque adulte dont l’équilibre entre le deen et la dunya m’avait bluffée. J’ai donc pris l’initiative de les accoster et de leur demander : 
  • « Qu’ont fait vos parents avec vous?! »
  • « Comment avez-vous élevé vos enfants?! » 
  • « Je vous en prie, donnez-moi le secret pour élever des Mu’mineen (croyants) comme ceux que je vois chez vous!”

Après des années de recherches et de questionnements, j’ai découvert que presque toutes les familles sont passées par les mêmes procédés pour y arriver.
Bien que la plupart des personnes que je questionnais ou observais ne se connaissaient pas, c’étaient souvent les même règles, les même conseils, les même astuces qui revenaient. Je listais leurs histoires dans ma tête pensant que je pourrai facilement m’en rappeler plus tard. Du coup, lorsque j’ai été récemment sollicitée pour un article sur les méthodes d’éducation propres aux musulmans, je me suis jetée sur l’occasion de tout lister par écrit afin de garder toutes ces idées précieuses que j’avais rassemblées au cours des douze dernières années.

Voici alors, à votre avantage et le mien, les astuces “des experts”, ces héros infaillibles qui ont travaillé dur (et, mashaAllah, ont réussi) afin de préserver l’esprit, le cœur et l’âme de leurs enfants.

Ces mots viennent de parents – comme vous – dont le but principal dans la vie est de diriger leurs fils et leurs filles sur le Chemin qui leur permettra d’atteindre le plaisir de leur Créateur et le respect des êtres humains. La plupart de ces conseils peuvent sembler relever du “bon sens”, le genre de conseils que vous pourriez entendre sur n’importe quelle émission ou lire dans n’importe quel manuel pratique. Concernant d’autres astuces, elles m’ont réellement surprise dans le sens où elles étaient si fermes et inflexibles qu’on aurait dit qu’elles représentaient le seul moyen. Tandis qu’il y eut une variété de conseils qui m’a été donnée, j’ai remarqué que certaines « règles du jeu » ressortaient souvent sous des formes différentes. Ces astuces dominantes sont celles sur lesquelles j’ai choisi de me concentrer dans le cadre de mon article.

  • J’ai vu de mes propres yeux des enfants de moins de dix ans régler eux-mêmes leur réveil afin de se lever pour la prière du Tahajjud.
  •  J’ai hébergé un jeune footballeur chez moi qui commençait sa journée avant moi en récitant le Coran au Fajr. 
  • Je connais également une étudiante de l’Université d’Ivy League (Université prestigieuse de la côte Est des États-Unis) qui a insisté pour faire demi-tour en voiture car elle s’était rendu compte qu’elle avait quitté la maison sans saluer sa mère avant.
  • J’ai fait connaissance avec des docteurs qui gagnent plus d’argent en un seul mois que ce que la plupart des gens gagnent en un an et qui choisissent pourtant de vivre dans de petites maisons sans emprunts immobiliers, tout cela dans le but d’utiliser leurs salaires afin de soutenir financièrement les savants en islam.
  • Mon mari et moi-même travaillons avec un jeune homme qui a fait un jour le voyage avec sa mère en avion de la Californie à la Jordanie, puis a fait demi-tour avec le vol suivant afin que sa mère célibataire ne fasse pas ce grand voyage seule. 
  • J’ai été témoin d’élèves de CM1 qui ont su bien se tenir en restant assis et silencieux devant des savants Musulmans tandis que des adultes autour d’eux s’étiraient, bâillaient ou encore soupiraient. 
  • J’ai même entendu des enfants reprendre leurs camarades et leur faire d’importants rappels tels que : “Ne dis pas ça de lui! C’est de la médisance! »

L’un des signes qui permet de voir qu’Allah aime une personne, c’est lorsque vous pensez à Allah en la voyant. Ces exemples de personnes m’ont permis de me remettre en question quant à ma propre relation avec Allah par rapport à la leur. Ils ont été source de motivation pour me réformer et m’améliorer. Je suis sûre que les lecteurs me rejoindront sur le fait que même si Allah seul connait le contenu des cœurs, ces personnes semblent au moins avoir réussi dans l’acquisition du bon état d’esprit vis-à-vis de l’islam et de leur rôle au sein de la dounya. Je prie pour qu’Allah Subhana wa Ta’ala continue à nous envoyer des exemples comme eux afin nous puissions continuer à apprendre et mettre en œuvre tout ce qui nous rapprochera de Lui. Amiine.

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